Je suis revenu à Montmartre ce matin. Les touristes photographiaient l’endroit. Je photographiais mon passé.
Cela fait maintenant 3 ans que je reviens à Paris comme un fantôme hantant les lieux d’où il a disparu. Je me souviens que quand j’habitais ici, pour « prendre un taxi » il m’arrivait plutôt de dire, à l’imitation de je-ne-sais-plus-qui et qui avait dû me faire rire, « chopper un cosaque » : souvenir des russes blancs dans la langue, qui revenaient s’inscrire bizarrement dans le paysage depuis leurs années 1920. Souvenirs de nulle part, vieux de 80 ans. Cela m’échappait entièrement. Mais finalement la langue c’est aussi ça : une mémoire, que l’on prend pour soi – et qui n’est pas personnellement la nôtre.
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