Le Père Claude-François Ménestrier était considéré au milieu du XVIIe siècle comme le spécialiste et le théoricien des ballets, des jeux d’esprits et des divertissements de Cour. C’était un excellent joueur de cartes, et il prisait particulièrement le jeu de L’Hombre auquel il jouait tous les vendredi soirs.
C’est dans ses écrits sur les ballets anciens et modernes « selon les règles du théâtre » publiés en 1689 que l’on trouve la description d’un labyrinthe mâtiné de jeu de l’Oie auquel s’étaient adonnés quelques fois les gens de la Cour de Savoie. Ce « Labyrinthe de L’Arioste, jeu héroïque des chevaliers et des dames » avait été tiré de l’argument du Roland furieux du poète italien : les joueurs portaient les noms des héros du livre, Roland, Angélique, Roger ou Bradamante, également représentés par des figurines de cire qu’ils faisaient naviguer à coups de dés dans les cases d’un labyrinthe. Cela en faisait pour Ménestrier un jeu éminemment philosophique, puisque le plateau représentait ainsi facilement aux acteurs l’errance de l’esprit dans la confusion du monde. Il préparait aussi les âmes à leur responsabilité, à la pensée des différents univers, puisque chaque partie combinait différemment les épisodes tirés du poème, et qu’il arrivait qu’Angélique ne fut pas inconstante et que Roland ne mourût pas. Par ses identifications, le jeu paraissait si édifiant au Père Ménestrier qu’il préconisait d’en faire de semblables à partir de l’Iliade, de l’Odyssée, de l’Eneide, ou des Métamorphoses d’Ovide.
Il y a de la danse dans nos comportements sociaux. Ce sont des danses implicites ou imposées, mais ça danse, ça chorégraphie, quoi qu’il en soit. Ça joue ensemble. Une fois appris, ça ne s’oublie pas. Sauf si.
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