Vous êtes voyageur : et vous partez, ou vous arrivez. Pour vous ce sont des événements. Des événements créant – pourquoi pas – une histoire. Les histoires, c’est exactement « comme » ça, vous le ressentez comme ça : comme une suite d’événements. Alors, ce peut être un voyage de noces, un retour chez soi, l’ouverture de vacances, une étape sur un chemin d’exil, ce sera toujours le début, le milieu ou la fin d’une histoire. Pour l’employé de la gare, ou de l’aéroport, qui reste, renseigne et réceptionne, c’est un quotidien. Ça ne se rappelle pas. Rien à penser de cette mémoire. L’événement aurait été qu’il ne vienne pas au travail. Ces différences vécues occasionnent des malentendus en cascade : les uns prenant l’exceptionnel pour l’ordinaire, tandis que les autres finissent par s’en flatter sans trop savoir pourquoi. (Beaucoup de nos somnambulismes et prestiges sociaux jouent de ces quiproquos bizarres ; beaucoup de nos premiers sentiments amoureux ; toute l’aura du lointain peut tenir dans un visage, qu’il soit celui d’un amant, d’une maitresse, ou d’un personnage de pouvoir – c’est à dire de ce pouvoir qu’on accorde d’avance à quelques uns d’avoir sur nous.)
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.