Le temps marche par empilement, entassement, où ce qui fait surface, ce qui fait visible, est le plus actuel. A proprement parler, dans la recherche des causes il y a une démarche archéologique de restauration des profondeurs à adopter. La page électronique, le système de publication électronique a repris ce fonctionnement : une actualité chasse l’autre, et le présent se substitue perpétuellement à lui-même. Les causes s’effacent derrière leurs conséquences.
Au rebours, l’écriture en livre, la démarche littéraire se fait exemplum, apologue, explication, pliement page par page de la frise chronologique : ce qui apparaît en premier au regard, c’est la page la plus anciennement écrite, et la cause apparaît avant sa conséquence narrative – ce en quoi Aristote faisait de l’art dramatique une science logique, et du poète un logicien plus apte à s’approcher de la vérité que l’historien obligé de compiler le hasard et les accidents d’apparition dans un monde politique sans aucun sens.
Par défaut, le visible ne révèle pas ses causes d’apparition. Lorsque l’esprit humain les recherche presque instinctivement. La révélation de ce qui est caché, qu’il soit conçu comme un monde suprahumain, ou de logique atomiste ou mathématique, psychologique, sociologique, est le terrain commun de la littérature, des arts, des religions et de la science. L’Histoire a-t-elle un sens ? Sans doute non mécanique, en probabilités, dans les résultats des combats et des soulèvements qu’on y donne. Même s’il nous échappe, il faut savoir peser sur l’avenir.
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