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L’Histoire est triste. Elle est banale dans ses emballements, dans son empressement à l’exceptionnel. Elle est remplie d’enfants qui veulent vous montrer qu’ils ont fait le plus beau dessin du monde. Elle s’enfle d’exploits. Elle est peuplée d’hommes et de femmes d’État, de voleurs et de criminels qui se ressemblent tous et toutes dans la volonté de ne pas être oubliés. Et le plus triste, dans ce besoin commun de se tourner hiérarchiquement vers l’exceptionnel, n’est même pas de vouloir s’extraire de son ordinaire, de sa routine d’être : encore que cela relève d’une curiosité presque intrépide au départ. Le plus triste, c’est le vide révélé, comblé trop rapidement, comme l’on cache des poussières sous un tapis pour dire qu’on a fait le ménage. La plupart du temps, une fois sorti de ses habitudes, chacun tombe dans de mauvaises histoires, déjà vues, toujours pour la plupart déjà écrites.
Toutes les tragédies ont déjà été écrites.
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