C’est par le regard qu’on éprouve en premier lieu comment se crée une fiction : parce que le regard définit une zone de projection possible, une zone de lancer, une zone inatteignable, puis une ligne d’horizon, une zone d’effacement.
On en fait l’expérience en marchant : cet arbre-là, je puis l’atteindre en quelques minutes, ou bien en quelques heures si on est en montagne, au loin ce bateau m’échappe pour de bon, et nager ne sert à rien : il y a un inatteignable réparé dans la fiction, jusque dans la fiction amoureuse. Mais au-delà encore, au-delà d’une distance d’imagination, tout devient parfaitement indifférent. Cela n’est même pas un décor d’étoiles, car les étoiles font rêver. C’est un décor où plus rien ne fait image, une étrangeté absolue, un dessous de feuille morte déjà proche de l’humus, de l’informe dont on pense ne pouvoir jamais rien tirer…
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Pour découvrir le travail de Lisa Sartorio, en ce début de printemps, rdv au Grand Palais éphémère, lors de la manifestation Art Paris Art Fair, stand A8, du 29 mars au 2 avril prochain (Grand Palais, Paris 7e).
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